La théorie de la tectonique des plaques est-elle déficiente?

L’actuelle théorie de la tectonique des plaques ne repose pas sur un ensemble de propositions anciennement acceptées : pour contrer les critiques, elle avait été défendue par H. Hess sous un curieux choix du terme de « géopoésie ». Elle a été clairement formulée seulement dans les années 1960 par Jason Morgan en 1968, Dan Mac Kenzie, Robert Parker, etc. L’un de ses célèbres concepteurs est le géophysicien français Xavier Le Pichon qui la formula (avec six plaques lithosphériques principales) en 1968, alors que dans la conclusion de sa thèse de doctorat soutenue seulement deux années auparavant à Strasbourg il réfutait encore catégoriquement toute possibilité de mobilité des continents (Gohau, 1987, p. 223 et suiv.).

De longs calculs de physique, des forages profonds (dans le sol ou dans les glaces de l’Antarctique), des mesures satellitaires du Global Positioning System (G.P.S.) ou bathymétriques récentes (avec des sonars), des analyses microscopiques et chimiques poussées, datation au carbone 14 pour la détermination des âges les plus récents (Allègre, 2005, p. 26), ou au thorium 232… valident heureusement l’essentiel de ce qui est désormais enseigné en la matière, en particulier l’âge jeune des océans (inférieur à 200 millions d’années) par rapport à celui des roches de certains continents (jusqu’à près de quatre milliards d’années).

Pourtant, alors qu’ils l’enseignent ou l’évoquent pourtant chaque année, peu de géographes ont conscience que « l’origine de la tectonique des plaques terrestres est encore largement débattue » (Kaminski, 2003) et que la cause même de l’existence des plaques lithosphériques uniquement sur Terre n’est pas parfaitement connue (Skinner, Porter, Park, 2004, p. 60) ; ce qui risque d’obliger quelques uns d’entre eux à réviser (une nouvelle fois) leur cours sur cette fameuse théorie de la tectonique des plaques, laquelle repose sur un modèle dont le fonctionnement demeure logique et opérationnel, « mais rien ne garantit que cette situation ne changera pas à l’avenir si de nouvelles études l’exigent » (Allègre, 2005, p. 338).

Bibliographie:

- ALLÈGRE Claude, Géologie isotopique, Paris, Belin, 2005, 495 p.

- GOHAU Gabriel, Histoire de la géologie, Paris, La Découverte, 1987, 259 p.

- KAMINSKI Édouard, « Tectonique sur Vénus ?» E.N.S. Lyon, 2003. (http://www.ens-lyon.fr)

- SKINNER Brian, PORTER Stephen, PARK Jeffrey, Dynamic Earth. An Introduction to Physical Geology, fifth edition, Hoboken, Wiley international edition, 2004, 629 p.

Parmi nos concitoyens, de plus en plus de personnes s’interrogent et ont bien du mal à admettre l’avis des spécialiste, acceptés par les géomorphologues et les géologues, selon lesquels la « mobilité des plaques lithosphériques résulterait des lents mouvements de convection d’origine thermique qui affectent cette dernière » (Coque, 2002, p. 41). De nombreuses erreurs sont malheureusement commises à l’occasion d’une présentation trop réductrice des phénomènes complexes de séparation ou de collision des plaques. En voulant corriger certaines d’entre elles, les messages de ce forum pourraient d’ailleurs bien également en contenir quelques autres…

En fait, certaines questions perdurent dans l’esprit des profanes : comment, par exemple, les mouvements lithosphériques ne parviendraient-ils pas déformer la partie centrale des plaques, mais autoriseraient ces plaques, (conçues à tort par certains comme flottant sur un magma liquide et en fusion), à se refroidir, à s’alourdir et, de là, à s’enfoncer ? Beaucoup de critiques sont formulées à l’encontre de cette théorie bien comprise dans ses grandes lignes mais toujours si méconnue sur des points essentiels.

Même si les spécialistes ont des réponses cohérentes, il faut aussi admettre que la tectonique des plaques demeure encore discutée, car incomplète, et même partiellement inexacte. La théorie de la tectonique des plaques « cesse d’être valable dans les zones frontières entre plaques, parfois très larges, et ne rend pas compte de la formation soudaine de bassins en marge des continents, ou des étirements, parfois intenses de la croûte continentale » (Lliboutry, 1998, p. VI).

Bibliographie:

- COQUE Roger, Géomorphologie, Paris, Armand Colin, 2002, 503 p.

- LLIBOUTRY Louis, Géophysique et géologie, Paris, Masson, 1998, 462 p.

Damien a écrit:

il faut aussi admettre que la tectonique des plaques demeure encore discutée, car incomplète, et même partiellement inexacte. La théorie de la tectonique des plaques « cesse d’être valable dans les zones frontières entre plaques, parfois très larges, et ne rend pas compte de la formation soudaine de bassins en marge des continents, ou des étirements, parfois intenses de la croûte continentale »

Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur le caractère inexacte de la tectonique des plaques. Je l'ai récemment étudié en cours, et je dois avouer que le professeur ne nous a jamais laissé entendre qu'elle n'était que partiellement vraie.

Oui, tu as raison, il faudra bientôt que je fasse un copier/coller d'une multitude de mes messages déjà rédigés sous Word et destinés à montrer les limites de cette théorie, mais il me manque des illustrations pour présenter et critiquer certains aspects (pas tous!) de cette théorie.