Attention à ne pas confondre la dérive des continents et tectonique des plaques.
Refaire l’historique de la théorie de la tectonique des plaques serait bien long, et à partir d’où commencer ? Qui citer ? Au début du XXe siècle, Marcel Bertrand (1847-1907) affirmait déjà qu’ « il faut se souvenir aussi que les chaînes européennes, toujours créées sur le bord d’une dépression équivalente à la Méditerranée actuelle, se sont progressivement, depuis le début des temps géologiques, déplacées vers le sud, en se rapprochant de la région méditerranéenne. (…). On pourrait dire, il est vrai, qu’on n’a pas le droit de considérer la formation de la montagne comme un phénomène isolé, sans tenir compte des autres phénomènes qui se passent en même temps à la surface du globe. (…). Ce déplacement ne peut pas être un déplacement local, que nous connaîtrions par la Géologie ; il faut donc que ce soit un déplacement d’ensemble qui entraîne toute la surface.» (Bertrand, 1900a, p. 292, 294, 296). «C’est le résultat que j’ai déjà indiqué et que j’ai traduit par la comparaison de la Terre avec une orange à écorce mobile » (Bertrand, 1900b, p. 454). Ainsi, « on a par la suite trouvé des prédécesseurs à Alfred Wegener (1880-1930), mais il n’est guère douteux que celui-ci les ait ignorés, et la manière dont ils avaient présentés certaines similitudes entre les continents aujourd’hui n’aurait pas suffi à retenir l’attention.
C’est bien à Wegener qu’il faut faire remonter la théorie de la dérive des continents » (Goguel, 1965). Cette dérive des continents, formulée en 1910, fut présentée pour la première fois publiquement par Wegener le 6 janvier 1912 à Francfort-sur-le-Main, à l’occasion de l’assemblée annuelle de la jeune Union géologique, fondée deux années auparavant pour privilégier la « géologie générale », tandis que la Société géologique allemande privilégiait toujours les études régionales (Schwarzbach, 1985, p. 94). Selon Wegener, très jeune astronome (Westphal, Whitechurch, Munshy, 2003, p. 14) et climatologue, les continents étaient censés, en quelque sorte, flotter sur un magma visqueux, et devaient par conséquent fendre le fond des océans.
Longtemps rejetée, cette théorie de « la dérive des continents » a été progressivement corrigée (ancienneté des croûtes, et surtout profondeur, vitesse et causes des translations,…) et complétée (rôle des dorsales océaniques) à l’occasion d’innombrables controverses pour devenir, dans les anées 1960, « la tectonique des plaques » que nous connaissons aujourd'hui.
Bibliographie:
- BERTRAND Marcel, « Essai d’une théorie mécanique de la formation des montagnes. Déplacement progressif de l’axe terrestre », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, Institut de France, 1900a, tome CXXX, 291-298.
- BERTRAND Marcel, « Déformation tétraédrique de la Terre et déplacement du pôle », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, Institut de France, 1900b, tome CXXX, 449-464.
- GOGUEL Jean (dir.), Géophysique, Paris, Encyclopédie de la Pléiade, 1971, 1304 p.
- SCHWARZBACH Martin, Wegener (1880-1930). Le père de la dérive des continents, Paris, Belin, 1985, 144 p.
- WESTPHAL Michel, WHITECHURCH Hubert, MUNSCHY Marc, La tectonique des plaques, Contempory Publishing International – GB Science Publisher, 2003, 323 p.