J'ai été surpris de constater qu'en un lieu précis des États-Unis, les dates de la survenue de certains séismes semblent correspondre à une trop belle régularité. La périodicité de certains séismes est-elle digne de la précision d’une horloge « astronomique » ?
En Californie, le petit hameau de Parkfield (37 habitants en 2004) est connu non pas tant parce qu’il est séparé en deux par la célèbre faille de San Andréas, mais parce qu’un tremblement de terre, toujours de magnitude 6, s’y est systématiquement produit tous les 22 ans de 1857 à 1966, peut-on lire dans certains articles lorsque leurs auteurs veulent aller à l’essentiel!
Après une brève enqête, il s'avère que d’autres chercheurs ou journalistes relativisent sérieusement la régularité du phénomène avec une marge de plus ou moins cinq années. Mais pour être tout à fait exact il faut reconnaître que le séisme attendu depuis 1988, avec une multitude de capteurs et de spécialistes, ne s’est renouvelé que le 28 septembre 2004, soit 16 années trop tard. Plus grave, cette périodicité de 22 ans n’est vraiment qu’une moyenne : 24 ans de 1857 à 1881, 20 ans entre 1881 et 1901, 21 ans ensuite, seulement 12 ans entre 1922 et 1934, puis 34 ans pour atteindre 1966.
Il n’existe donc pas d’exemple de lieux de séismes connus revenant périodiquement, comme le regrettait déjà F. de Montessus (1901, p. 456) en rappelant que « les phénomènes sismiques sont essentiellement discontinus dans le temps et dans l’espace, comme il est facile de s’en convaincre, et c’est ce qui explique le peu de succès des lois périodiques énoncées à leur sujet, mais toujours reconnues fausses un jour ou l’autre ».
Si nous restons sur ce fameux cas de Parkfield, il serait certainement très judicieux de rechercher d’autres séismes s’étant produits n’ont pas nécessairement en ce hameau précis, mais ailleurs le long de la faille de San Andréas. Sans entrer dans les détails, si l’on procède ainsi, et si on ne cite que quelques tremblements de terre anciens de Californie survenus en 1868, 1872, 1906, etc., ce n’est plus l’écart de temps entre eux qui doit être calculé, mais c’est peut-être la position de la Lune, ou bien le mois où les séismes sont les plus fréquents, équinoxes et périhélie terrestres, qui attireraient éventuellement l’attention et qui deviendraient alors le prétexte de nouvelles théories plus ou moins grotesques.
Cette constatation d’une absence de retour des séismes après une période de calme de 22 années ne correspond à la durée de déplacement ou de positionnement d’aucun astre; seules les « marées solaires », ont un cycle complet de 22 ans, et il n’est en l’occurrence pas utile de comparer les années de survenues, ou de brusques disparitions, des taches solaires avec celles des tremblements de terre de Parkfield !
Bibliographie sommaire:
- de MONTESSUS de BALLORE Fernand, « Sur l’impossibilité de représenter par des courbes isosphygmiques, ou d’égale fréquence de séismes, la répartition de l’instabilité dans une région sismique donnée », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, Institut de France, 1901, tome CXXXIII, 455-457.
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